Une nouvelle entreprise chinoise de l'Internet par satellite, SpaceSail, semble viser le service Starlink, développé par Elon Musk. Soutenue par le gouvernement municipal de Shanghai, SpaceSail s'introduit sur des marchés où Starlink a rencontré des difficultés.
L'entreprise a lancé environ 90 satellites depuis l'année dernière et est en pourparlers avec plus de 30 pays, avec l'objectif de mettre en orbite 648 satellites d'ici fin 2025 et 15 000 d'ici 2030. Actuellement, Starlink, qui a plus de 7 000 satellites en orbite, détient une part de marché significative.
En 2024, Starlink contrôlait près des deux tiers des satellites actifs, bien devant des concurrents comme OneWeb, basé au Royaume-Uni, et le Projet Kuiper d'Amazon, qui n'a lancé que deux satellites prototypes. La relation étroite de Musk avec l'administration Trump a facilité l'entrée de Starlink sur des marchés comme l'Inde et le Vietnam, mais a également compliqué les choses en Ukraine, où les États-Unis ont menacé de couper le service en raison d'un accord minier. En Afrique du Sud, Musk a refusé de respecter les exigences de propriété locale, les qualifiant de "racistes."
En ce qui concerne les avancées de SpaceSail, un regard sur les membres ou les États partenaires du BRICS, incluant la Chine, la Russie et l'Inde, montre des gains significatifs.
Brésil
SpaceSail a signé un accord pour entrer au Brésil en novembre dernier, lors de la visite d'État de Xi Jinping. Le service devrait être opérationnel en 2026, en partenariat avec Telebras, une société de télécommunications brésilienne. Pendant ce temps, Starlink a fait face à des critiques dans le pays. En août dernier, un juge de la Cour suprême du Brésil, Alexandre de Moraes, a gelé les comptes bancaires de Starlink après que Musk n’ait pas payé d'amendes imposées par le tribunal. Moraes avait ordonné à X de bloquer les comptes diffusant de la désinformation, mais la plateforme a défié cette décision. Musk a finalement dû régler l'amende de 5 millions de dollars avant que les gels ne soient levés.
Kazakhstan
Au Kazakhstan, des régulations restreignent l'entrée de réseaux de communication étrangers dont les centres de contrôle sont basés à l'étranger. SpaceX a refusé de se conformer à ces exigences en 2024, même si le gouvernement offrait des sites à Kokterek et Akkol avec des infrastructures et de l'approvisionnement énergétique déjà en place. En janvier, SpaceSail a établi une filiale au Kazakhstan et a accepté de répondre aux exigences gouvernementales, selon des médias d'affaires du centre asiatique. La société chinoise prévoit également de construire une installation pour intégrer son réseau satellite aux réseaux de communication locaux.
Starlink, de son côté, a eu des difficultés. Vers la fin de l’année dernière, le ministère kazakh des Développements numériques a proposé des régulations supplémentaires interdisant explicitement Starlink pour des raisons de sécurité nationale. Le ministère a également désigné SpaceSail, OneWeb et Amazon Kuiper comme des alternatives viables. Bien que la proposition ait été retirée suite à une réaction publique, le ministère a annoncé qu'il la réviserait. Musk aurait même contacté le vice-premier ministre kazakh, Serik Zhumangarin, pour proposer son aide avec des réductions budgétaires.
Malaisie
En février, SpaceSail a signé un accord avec Measat, une société locale de communications par satellite, pour faire progresser les services de broadband par satellite en Malaisie et en Asie. L'entrée de SpaceSail dans le pays coïncide avec des appels à une interdiction de Tesla en Malaisie, en raison des critiques dirigées contre Musk pour son soutien à un plan de Trump concernant Gaza, qui impliquait la relocalisation forcée de 2 millions de Palestiniens vers des pays voisins. Starlink est disponible en Malaisie depuis 2023.
Avec ces développements, SpaceSail présente une menace croissante pour Starlink, qui se trouve sous pression dans plusieurs régions clés, tout en cherchant à s'établir sur de nouveaux marchés où les relations politiques jouent un rôle important.
